Santé mentale, mal-être, maladie mentale : ne confondons pas tout

Lors d’un échange avec un dirigeant d’entreprise, un constat frappant est ressorti : il existe un véritable “problème” autour du terme “santé mentale”. Selon lui, si l’on fait un sondage dans la rue en demandant aux gens s’ils ont une bonne santé mentale, 90 % auraient l’impression qu’on les prendrait pour des “fous”. Un mot chargé de clichés et de jugements qui est encore trop souvent associé à la santé mentale en elle-même.
Cette anecdote (véridique !) illustre un frein majeur à notre capacité collective à aborder sereinement le sujet de la santé mentale, au travail comme ailleurs. Il est temps de redonner sa place à la santé mentale, en la plaçant au même niveau que la santé physique, sans peur ni tabou, avec des mots simples et accessibles.
Car, en réalité, santé mentale ne veut pas dire maladie mentale. C’est une notion plus large et essentielle au bien-être des collaborateurs, des équipes et des organisations.
Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel de mieux comprendre ce que recouvrent les notions de santé mentale, de mal-être et de maladie mentale. Parce que la santé mentale, c’est d’abord un équilibre à préserver et surtout, un sujet qui nous concerne tous, en particulier dans nos lieux de travail.

1. Santé mentale : une composante essentielle de la santé globale
La santé mentale, c’est un peu comme la santé physique : un état de bien-être dans lequel on peut vivre pleinement, s’adapter aux difficultés et donner le meilleur de soi-même.
💡 Définition : Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé mentale, c’est “un état de bien-être dans lequel une personne peut réaliser son potentiel, faire face aux tensions normales de la vie, travailler de façon productive et contribuer à sa communauté”.
Autrement dit, la santé mentale, ce n’est pas juste l’absence de maladie ou de troubles. C’est un équilibre fragile mais précieux qui permet de traverser les hauts et les bas du quotidien, de rebondir face aux difficultés, et de construire une vie satisfaisante, tant sur le plan personnel que professionnel.
C’est pourquoi il est important de penser la santé mentale comme on pense la santé physique : pas seulement quand on est malade, mais aussi quand tout va bien. On ne dit pas “j’ai une bonne santé physique” uniquement quand on est en pleine forme, on l’évalue aussi en fonction de notre énergie, notre vitalité, notre capacité à faire ce qu’on aime.
Il en va de même pour la santé mentale : elle se nourrit de bien-être, de relations positives, de sens au travail et dans la vie, de moments de détente et de repos. C’est un état dynamique, à préserver au quotidien.
2. Le mal-être mental : des signaux d’alerte à ne pas ignorer
Parfois, la santé mentale peut vaciller. Ce n’est pas forcément une maladie, mais plutôt un mal-être qui se manifeste par des signaux d’alerte : stress chronique, fatigue émotionnelle, perte de motivation, isolement, irritabilité… Ces signes sont comme des feux rouges qui s’allument pour dire “attention, ça ne va pas” et il est primordial de les écouter.
💡 Définition : Le mal-être mental, c’est un état de souffrance psychologique diffus, qui se manifeste par une sensation de mal-être intérieur, sans forcément relever d’une pathologie. Ce mal-être est souvent lié à un déséquilibre entre les ressources d’une personne et les pressions qu’elle subit, notamment dans le cadre professionnel. C’est un signal d’alerte, un appel au soutien, qu’il ne faut ni minimiser ni ignorer.
Le mal-être mental peut toucher tout le monde, à différents moments de la vie, notamment dans le cadre professionnel. Un rythme trop soutenu, un manque de reconnaissance, des conflits ou un environnement peu soutenant peuvent faire pencher la balance.
L’enjeu, c’est de ne pas ignorer ces signaux. Agir tôt, parler, chercher du soutien, ajuster ses conditions de travail ou son organisation sont autant de gestes qui permettent de retrouver cet équilibre essentiel.
Car si on laisse le mal-être s’installer sans intervention, il peut évoluer vers une maladie mentale, plus lourde et invalidante. La bonne nouvelle, c’est que la prévention et l’accompagnement permettent de réduire fortement ce risque.
Dans le monde du travail, reconnaître ces signaux et y répondre rapidement, c’est protéger le bien-être des collaborateurs tout en assurant la performance collective.
3. Maladie mentale : une pathologie, pas une honte
La maladie mentale, elle, regroupe un ensemble de troubles reconnus qui touchent l’esprit et le comportement.
💡 Définition : La maladie mentale désigne un trouble psychique diagnostiqué, qui affecte durablement la pensée, les émotions, le comportement ou les relations d’une personne. Elle peut prendre différentes formes comme : la dépression, les troubles anxieux, le trouble bipolaire ou la schizophrénie, et nécessite une prise en charge adaptée, tout comme n’importe quelle autre maladie.
Ces troubles ne définissent pas une personne : ils se soignent, se stabilisent, et peuvent tout à fait être compatibles avec une vie professionnelle et sociale épanouie, à condition d’être reconnus et accompagnés.
Il est important de rappeler que le terme “fou”, souvent utilisé à tort, est non seulement stigmatisant mais aussi totalement inadapté. Ce mot alimente les préjugés et la peur, alors qu’il faudrait parler avec respect et compréhension de ces troubles. La santé mentale mérite d’être abordée avec la même humanité et le même sérieux que la santé physique.
Pour mettre les choses en perspective, 1 personne sur 4 va souffrir d’un trouble mental à un moment de sa vie. 23 % des Français ont le sentiment de ne pas prendre soin de leur santé mentale dont 36 % des femmes et 38 % des 18-24 ans. Des chiffres qui montrent à quel point ces pathologies sont fréquentes, et que personne n’est à l’abri. Pourtant, les stéréotypes ont encore la vie dure : 70 % des Français ont des préjugés concernant les personnes atteintes de troubles de santé mentale (source : Assurance Maladie, 2023).
Connaître, comprendre et accepter la maladie mentale, c’est la première étape pour lutter contre la stigmatisation et construire des environnements de travail inclusifs et bienveillants.
4. Pourquoi les entreprises ont un rôle à jouer
Les entreprises ne sont pas que des lieux de travail : ce sont aussi des espaces de vie où la santé mentale doit pouvoir s’épanouir. Elles ont un rôle essentiel à jouer pour créer un environnement où il est possible de parler librement de sa santé mentale, sans peur du jugement ni des clichés.
Cela commence par lutter contre les tabous et éviter les amalgames qui empêchent de comprendre la différence entre santé mentale, mal-être et maladie mentale. En déconstruisant ces idées reçues, on ouvre la voie à un dialogue plus sincère, plus humain.
La prévention est aussi une clé : proposer des actions concrètes pour améliorer la qualité de vie au travail, que ce soit par l’aménagement des conditions de travail, le soutien des équipes, ou la formation des managers à ces sujets, contribue à préserver cet équilibre si précieux.
En investissant dans la santé mentale, les entreprises favorisent un climat de confiance, renforcent la cohésion des équipes, et boostent la motivation et la performance durable.

Il est impératif de normaliser la notion de santé mentale, comme on a réussi à normaliser le sport, le yoga ou la nutrition. Ce n’est pas un luxe, ni un sujet réservé à certains : c’est une composante essentielle de notre bien-être au quotidien.
Et tout commence par utiliser les bons mots : comprendre la différence entre santé mentale, mal-être et maladie mentale, pour en parler sans tabou, sans peur, avec justesse et bienveillance.
Chez Qualisocial, nous accompagnons plus de 900 organisations dans la prévention des risques psychosociaux, la promotion du bien-être au travail et la construction d’environnements professionnels plus humains et durables.
Notre approche s’inscrit à tous les niveaux : prévenir, sensibiliser, accompagner. Et surtout, proposer des dispositifs concrets qui font la différence : soutien psychologique 24/7, médiation, formations, diagnostic QVCT, accompagnement des managers, modules de sensibilisation, et bien d’autres leviers pour agir vraiment.
Parce que parler de santé mentale, c’est déjà prendre soin des individus, des équipes et de toute l’organisation.



Le baromètre du harcèlement au travail – Qualisocial x Ipsos

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