Lutter contre le harcèlement sexuel : interview sur les moyens de prévention au travail
Interview de Thierry Faivre d’Arcier, psychologue spécialisé en interventions psychologiques sur site
Est-il possible de jauger le degré de risque de harcèlement sexuel au sein d’une entreprise ?
Il est extrêmement compliqué d’évaluer ce risque et ce, pour deux raisons :
La première est que, dans les entreprises du secteur privé, il est interdit d’effectuer une enquête de moralité des candidats amenés à rejoindre l’entreprise. Enquête qu’on peut par ailleurs retrouver dans certaines administrations (police, justice, etc.).
La seconde est que le recruteur n’a pas le droit de contacter les précédents employeurs des candidats (hormis les personnes spécifiques qu’ils ont pu lister comme références). Il est donc impossible d’avoir accès à un historique éventuellement problématique.
De ce fait, sans connaissance d’antécédents éventuels, l’entreprise ne peut effectuer qu’une prévention « à l’aveugle ». Ceci étant dit, il existe de nombreuses mesures à leur disposition.
« [A propos du harcèlement sexuel] : Le sujet est difficile pour les entreprises parce qu’il réinterroge tout un système […] Elles gagneraient pourtant [à investir] en matière de prévention pendant qu’il ne se passe rien ».
Quelles actions concrètes peuvent mettre en place les entreprises pour lutter contre le harcèlement sexuel ?
Dans la lutter contre le harcèlement sexuel, la plupart des entreprises se contentent d’une campagne d’affichage, ou de supports de sensibilisation audiovisuels (écrans dans les salles de repos qui peuvent diffuser des rappels, des informations pour signaler une situation dangereuse, grave ou avérée, les modalités de prévention, etc.). La limite de ces supports est qu’on peut passer devant sans les regarder.
Beaucoup d’entreprises sont frileuses en termes d’action de prévention. Même si elles sont conscientes que le harcèlement sexuel est un véritable fléau, et qu’elles veulent participer à son éradication, tant qu’il n’y a pas de faits avérés dans leur structure, elles ne veulent pas s’engager trop loin en matière de prévention. Elles gagneraient pourtant à le faire, car le harcèlement sexuel « peut se produire à tous les niveaux et concerne absolument tout le monde ». Par ailleurs, les dégâts psychologiques peuvent être violents par la suite, à la fois « pour les victimes, mais aussi pour les victimes collatérales, qui sont quelques fois nombreuses ».
Avec Qualisocial, nous proposons diverses mesures de prévention et de sensibilisation via des ateliers, des groupes de paroles, etc., et tout un arsenal de formations adaptées aux différents niveaux hiérarchiques, comme aux salariés.
Pour l’entreprise, quels sont les moyens de détection de cas de harcèlement sexuel ?
Sur un sujet si délicat, sur lequel la prise de parole est compliquée, la meilleure façon est d’être à l’écoute, de ne pas avoir peur d’aller au contact des employés, de manière informelle. Devant la machine à café, dans les salles de repos, etc., c’est souvent dans ces lieux d’échange que les bruits commencent à courir. Il faut y avoir un pied, et rester attentif et bienveillant.
L’autre point de contact capital à cultiver est avec les membres du CHSCT, qui peuvent être plus ou moins nombreux selon le nombre de salariés dans l’entreprise. Proches des salariés, ils sont souvent les premiers à détenir des informations de ce type.
« Dans mes interventions auprès des entreprises, j’ai souvent appris beaucoup de choses par le CHSCT, parfois même plus que par la direction. Les membres du CHSCT sont [donc] des personnes véritablement ressources dans ce domaine ».
Thierry Faivre D’Arcier collabore avec Qualisocial depuis 2016, dans l’accompagnement post trauma, mais aussi sur des actions de sensibilisation en entreprise.
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