Et si on faisait vraiment vivre le droit à la déconnexion ?

(Se) déconnecter, un luxe ?
Dans les discours, tout le monde s’accorde : on doit pouvoir déconnecter. Dans les faits ? Ça coince. Et ça vaut autant pour les bureaux que pour les ateliers, dans les grandes comme dans les petites entreprises.
Les chiffres clés qui parlent déconnexion
- D’après une étude*, 71 % des Français continuent de répondre à leurs emails ou appels professionnels… pendant leurs congés !
Et même hors vacances, la tendance est là :
- En 2019, 89 %* des femmes et 85 %* des hommes jugeaient que le travail pesait plus qu’avant lors de leurs congés ;
- En 2020, 49 %* consultaient leur messagerie pro plusieurs fois par jour pendant les vacances, contre 42 % en 2018.
*Source : Etude Qapa, En vacances, les Français sont de plus en plus incapables de se déconnecter de leur travail, juillet 2020 & Étude Qapa, les Français et les vacances, juillet 2019.
Le paradoxe : tout le monde en parle, personne ne déconnecte
Les entreprises parlent de chartes, d’accords, d’ateliers sur la déconnexion. Mais dans la vraie vie, la pratique se heurte :
- Aux habitudes (répondre en quelques minutes, même le dimanche) ;
- À la pression implicite (efficacité, réactivité) ;
- Au manque de règles claires sur le terrain ;
Résultat : on reste "connecté par réflexe", même quand c’est interdit.
Toujours "on" : quelles conséquences sur la santé mentale ?
Le téléphone qui vibre à 22h. Le mail "rapide" envoyé pendant les vacances. Le canal WhatsApp pro qui ne dort jamais. Vous l’aurez certainement compris, être toujours joignable, ce n’est pas qu’une question de confort… c’est un vrai sujet de santé mentale.
Charge mentale et fatigue de vigilance : ce qu’on accumule quand on ne coupe jamais
Quand il n’y a plus de vraie coupure, aucun droit à la déconnexion, on ne récupère jamais vraiment. Résultat : une charge mentale qui augmente insidieusement.
- On garde en tête ce qu’on n’a pas fini ;
- On anticipe les urgences du lundi, même le samedi ;
- On reste en "mode alerte", même en dehors du travail.
Cette fatigue de vigilance finit par épuiser nos capacités d’attention, de concentration, voire de prise de décision.
Hyperconnexion, stress et troubles du sommeil : un trio bien connu
Loin d’être anodin, l’enchaînement est documenté : hyperconnexion → surcharge cognitive → stress → insomnie.La consultation constante des messages pro stimule le cerveau, empêche la mise au repos. C’est un cercle vicieux :
- Le stress augmente ;
- Le sommeil devient moins réparateur ;
- L’irritabilité et la baisse de moral s’installent.
Et ces effets ne sont pas réservés aux métiers à forte pression : tout salarié exposé à une absence de limites peut en souffrir.
Des risques collectifs pour l’entreprise
Le sur-engagement n’est pas durable. Quand la déconnexion n’est pas respectée :
- Les équipes se désengagent peu à peu ;
- Le turn-over augmente, souvent silencieusement ;
- Les tensions apparaissent, entre collègues ou vis-à-vis du management.
Le flou autour de la disponibilité finit par miner la confiance et alourdir le climat social. À l’échelle d’un collectif, c’est une bombe à retardement organisationnelle.Pour autant, quand on agit sur la déconnexion, on agit aussi sur l’énergie collective, la performance durable et la fidélisation.https://www.qualisocial.com/wp--2.jpg
Le droit existe, la pratique moins : ce que dit (simplement) la loi
Face à ce constat, une question revient souvent : mais que dit la loi, exactement ? Car oui, ledroit à la déconnexion existe, noir sur blanc depuis 2016. Mais entre le texte et la réalité du terrain, il y a souvent un monde.Alors avant de penser "charte", "accord", ou "procédure", petit détour par ce que la loi prévoit, en se demandant comment ça peut (vraiment) s’appliquer.Depuis le 1er janvier 2017, grâce aux ordonnances de 2016, les entreprises d’au moins 50 salariés ont l’obligation d’aborder le droit à la déconnexion dans le cadre de la négociation annuelle sur la qualité de vie au travail. Concrètement, cela signifie qu’elles doivent :
- Soit conclure un accord collectif sur le sujet ;
- Soit, à défaut, élaborer une charte après consultation du CSE.
L’objectif ? Fixer des modalités de régulation de l’usage des outils numériques pour garantir le respect des temps de repos, de congé, et de la vie personnelle et familiale.📝 Mais attention : ce droit n’est pas une interdiction de se connecter hors horaires, ni une sanction automatique en cas de mail à 21h. Il s’agit surtout de poser un cadre clair, adapté à l’activité et aux outils utilisés.
Une charte, c’est bien. Une culture, c’est mieux.
Un accord ou une charte peut préciser :
- Des plages de non-disponibilité attendues (ex : pas de mails après 19h) ;
- Les bonnes pratiques à adopter en matière d’emails, messageries instantanées, télétravail ;
- Des dispositifs de formation ou de sensibilisation à la déconnexion.
Mais sans incarnation managériale ni exemplarité au quotidien, ces documents restent souvent... lettres mortes.C’est l’application concrète, qui fait la différence, souvent directement faite par les managers qui donnent le ton. Et ça commence souvent par certains signaux perceptibles : un cadre qui ose ne pas répondre tout de suite, un manager qui respecte le repos de ses équipes, une entreprise qui ajuste ses outils.
Et les TPE/PME dans tout ça ?
Ce droit à la déconnexion ne s’arrête pas à la taille de l’entreprise. Même sans obligation formelle de négociation, les structures de moins de 50 salariés sont tout autant concernées :
- Parce que les risques de surcharge mentale n’épargnent personne ;
- Parce que les métiers de terrain (logistique, maintenance, chantier…) sont aussi soumis à des interruptions et sollicitations hors temps prévu ;
- Et surtout, parce que la souplesse d’une petite organisation peut justement faciliter la mise en place de règles simples, adaptées, efficaces.
Pas besoin d’un comité stratégique pour dire : "On ne s’écrit plus de messages après 20h." La déconnexion, c’est aussi une affaire de bon sens partagé.
Déconnecter, c’est aussi un projet collectif
S’il y a bien une chose que montre le terrain, c’est que la déconnexion ne se décrète pas, elle se construit. Et surtout, elle ne repose pas uniquement sur la responsabilité individuelle : c’est une dynamique d’équipe, de service, d’entreprise.Les organisations qui avancent vraiment sur le sujet ne se contentent pas d’un message en haut de boîte mail. Elles installent des rituels simples, visibles et partagés :
- Une plage de non-sollicitation entre 19h et 8h, avec des mails programmés en différé ;
- Des téléphones pro éteints automatiquement à la badgeuse à la fin du service ;
- Des rappels collectifs en réunion d’équipe pour valoriser ceux qui respectent les temps off ;
- Des moments dédiés pour faire le point sur la charge mentale ou les débordements invisibles.
L’exemplarité managériale, le vrai déclencheur
Aucune charte de déconnexion ne remplacera un manager qui donne le change, et qui, en congés, laisse son téléphone pro de côté. Ou qui commence ses réunions à l’heure pour ne pas déborder inutilement. Ou encore qui ne répond pas à ses mails le dimanche, même "juste pour faire avancer le dossier".C’est cette cohérence comportementale qui donne le ton. Les équipes voient très vite si les discours sur l’équilibre pro/perso sont sincères… ou marketing.En fin de compte, promouvoir la déconnexion, ce n’est pas freiner la performance : c’est préserver l’énergie, rétablirlaconfiance, et favoriserl’engagement durable. Et ça, aucune notification ne peut l’improviser.
Vers une culture du “off” seine et durable : comment avancer concrètement ?
Pour qu’une culture du "off" s’installe durablement, il faut d’abord s’attaquer aux représentations et croyances liées à la disponibilité permanente au travail. Il ne s’agit pas simplement de règles, mais d’un véritable changement de mentalité. Voici quelques leviers essentiels :
1. Travailler les représentations
- Sensibiliser à l’importance du temps de repos comme facteur clé de performance et de bien-être ;
- Déconstruire l’idée que ne pas répondre tout de suite est un signe de désengagement ou de faiblesse ;
- Communiquer sur le fait que prendre du recul est un acte responsable, bénéfique pour soi et pour l’équipe.
2. Valoriser les moments de repos dans le discours interne
- Intégrer dans les communications RH et les réunions des rappels réguliers sur le droit à la déconnexion ;
- Mettre en avant des témoignages ou retours d’expérience qui montrent les bénéfices d’un bon équilibre vie pro/vie perso ;
- Encourager les managers à féliciter leurs équipes quand elles respectent les temps de coupure.
3. Associer prévention des risques psychosociaux (RPS) et temps de récupération dans la QVCT
- Inscrire la déconnexion dans la politique globale de santé au travail, avec un suivi régulier des indicateurs de stress et fatigue ;
- Mettre en place des actions concrètes, par exemple des ateliers sur la gestion du stress ou des formations à la pleine conscience ;
- Favoriser un environnement de travail où chacun peut exprimer ses difficultés liées à l’hyperconnexion sans crainte.
Créer une culture saine du "off" passe par un engagementcollectif, un discoursclair et positif sur le repos, et des actions concrètes pour protéger la santé mentale et encourager des pratiques respectueuses des temps personnels.https://www.qualisocial.com/wp--02-300x40.png
Aller plus loin dans la déconnexion de vos équipes
Instaurer une vraie culture du "off" ne s’improvise pas. Pour accompagner ce changement, vous pouvez compter sur les équipes de Qualisocial. Nous proposons un accompagnement complet pour aider les entreprises à avancer concrètement :
- Accompagnement stratégique, afin de définir une feuille de route adaptée à votre structure et vos métiers ;
- Formation managériale, pour outiller vos managers à devenir les fers de lance de cette culture du respect des temps de repos ;
- Diagnostic de maturité sur le droit à la déconnexion, qui vous permet d’identifier les points forts et axes d’amélioration, avec un suivi personnalisé.
Parce que la santé mentale au travail est un enjeu collectif, Qualisocial est à vos côtés pour transformer le "droit à la déconnexion" de texte à réalité vécue.Contacter Qualisocial !



Le baromètre du harcèlement au travail – Qualisocial x Ipsos

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