Seniors au travail : des salariés engagés mais invisibles ?

Aujourd’hui, on parle beaucoup de QVCT, de bien-être au travail, de sens, de reconnaissance… Mais il y a une catégorie de salariés dont on parle encore trop peu : les seniors ou les plus de 55 ans. Pourtant, ils sont là, pleinement investis, souvent expérimentés, parfois discrets, mais pour autant, pas moins concernés. Et les chiffres de notre Baromètre Santé mentale & QVCT 2025, réalisé avec IPSOS, le confirment : les seniors restent engagés… mais se sentent de moins en moins considérés.
Un réel paradoxe : d’un côté, une vraie implication dans le travail, de l’autre, un sentiment persistant d’invisibilité, de stagnation, voire d’injustice. Ce n’est pas une question d’âge, c’est une question de place. Quelle place leur laisse-t-on ? Quelle reconnaissance leur accorde-t-on ? Quelle envie leur donne-t-on de se projeter dans l’entreprise ?
À travers les résultats de notre baromètre, nous souhaitons partager un éclairage concret sur la santé mentale des seniors au travail, sans dramatiser, mais sans détour non plus. Parce que le sujet n’est pas une fatalité liée à l’âge : c’est une question de culture d’entreprise, d’inclusion, et de perspectives. Et surtout, c’est une formidable opportunité d’agir.

Des écarts qui ne trompent pas : les seniors perçoivent un décalage dans leur traitement et leur reconnaissance au travail
Notre Baromètre 2025 révèle un signal clair : les salariés de plus de 55 ans évaluent leur qualité de vie et les conditions de travail en moyenne 7,5 % en dessous de la moyenne nationale (53,83/100 contre 58,21). Un écart qui, pris isolément, pourrait paraître modeste. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Derrière ce score global, plusieurs indicateurs précis montrent un ressenti d’exclusion ou, au mieux, de mise à distance.
La “place donnée aux salariés” n’atteint que 49,94/100 chez les seniors, contre 54,64/100 pour l’ensemble des actifs. Un écart de -8,6 %, qui traduit un sentiment de non-écoute et de reconnaissance en berne.
Côté inclusion et égalité, même constat : 59,31/100 chez les plus de 55 ans, contre 64,12/100. Là aussi, -7,5 % d’écart entre les seniors et la population générale.
Ces chiffres ne pointent pas un désintérêt des seniors pour leur travail, ils mettent surtout en évidence, un manque de considération perçu. Moins sollicités, moins visibles dans les dynamiques d’équipe, moins représentés dans les décisions, ils ont parfois le sentiment de travailler à côté du projet collectif, sans toujours y être pleinement inclus.
Le développement professionnel : une impression de “stop” en fin de carrière
Le deuxième indicateur marquant, c’est la formation et le développement des compétences. Les salariés de plus de 55 ans donnent une note de 50,49/100, contre 55,09/100 pour le reste de la population active. Cela représente -8,3 % d’écart, un signal fort.
Ce que cela nous dit ? Pas forcément qu’ils refusent d’apprendre ou de se former (loin de là), mais qu’ils ont l’impression qu’on ne les y invite plus. Comme si, passés un certain âge, on fermait la porte des perspectives d’évolution, des montées en compétences ou des changements de trajectoire.
« Les compétences relationnelles acquises avec l’expérience intéressent moins les employeurs que les compétences techniques, notamment la maîtrise des outils numériques, ce qui contribue à ce sentiment de mise à l’écart » Camy Puech, CEO & Fondateur, @Qualisocial
C’est un angle mort fréquent : on valorise l’expérience passée sans toujours investir dans l’expérience à venir. Résultat : les seniors ressentent une forme de stagnation professionnelle. Et quand on cesse d’apprendre, on finit parfois par se désengager.
Malgré tout… l’engagement des seniors tient bon
Et pourtant. Ce qui frappe dans les résultats de notre baromètre, c’est que l’engagement ne fléchit pas.
Côté concentration, les plus de 55 ans obtiennent un score de 64,58/100, soit à peine 0,8 % de moins que la moyenne nationale.
Pour l’implication, ils affichent 62,99/100, avec un écart tout aussi modéré de -3,3 %.
Autrement dit : malgré un sentiment de mise à l’écart, les seniors restent mobilisés. Ils sont là, présents, concentrés, impliqués dans leurs missions. Ce n’est pas un engagement “par défaut”, c’est un signe fort d’attachement au travail bien fait, à leur rôle dans l’équipe, et à l’entreprise dans son ensemble.
Le message derrière ces chiffres est puissant : il ne s’agit pas de rallumer une flamme éteinte. Elle est encore là. Mais si rien n’est fait pour la nourrir, le risque est réel : désengagement progressif, perte de sens, fuite des compétences… Et ce serait une perte pour tout le monde.
« Le développement rapide de l’automatisation et de l’intelligence artificielle pourrait redonner de l’importance aux compétences humaines et relationnelles, et offrir aux seniors de nouvelles opportunités d’engagement et de reconnaissance au travail.» Camy Puech, CEO & Fondateur, @Qualisocial
Invisibiliser les seniors, c’est prendre un risque… pour toute l’entreprise
Ne pas entendre le malaise des salariés de plus de 55 ans, c’est laisser s’installer une forme de déséquilibre silencieux. Le risque, ce n’est pas uniquement un mal-être individuel. C’est un impact global sur l’organisation : perte d’énergie collective, affaiblissement du lien intergénérationnel, frein à la transmission des savoirs… et in fine, perte de performance.
Quand un collaborateur ne se sent plus considéré, il ne quitte pas forcément l’entreprise, mais il se retire progressivement du jeu : moins d’initiatives, moins de participation, moins de projection dans l’avenir. On parle alors de « désengagement passif« , un phénomène difficile à détecter, mais bien réel.
Et ce désengagement peut durer longtemps. Car avec le recul progressif de l’âge de départ à la retraite, un salarié de 55 ans a parfois encore 10, 12 voire 13 années à passer dans l’entreprise. On ne parle donc pas d’une fin de parcours à accompagner poliment, mais d’un temps long à valoriser, dynamiser et investir pleinement.
C’est aussi un enjeu d’image employeur : les entreprises qui ne valorisent pas leurs salariés expérimentés s’exposent à une réputation de “jeunisme”, perçue comme injuste, voire disqualifiante, dans un monde du travail qui se veut plus inclusif. Et c’est dommage, car l’expérience n’est pas un poids, c’est un levier.
Enfin, il y a le coût du non-agir. À long terme, une QVCT perçue comme inégalitaire peut nourrir du turnover évitable, un climat interne dégradé, et des difficultés à recruter des profils seniors. À l’inverse, intégrer toutes les générations dans une dynamique commune de bien-être et de reconnaissance, c’est jouer collectif, durablement.
Agir concrètement : et si on changeait de regard ?
Ce que nous montrent les chiffres, ce n’est pas une crise des seniors au travail, mais une opportunité de réinvention. Car les leviers sont là, à portée de main : écoute, reconnaissance, inclusion. Pas besoin de bouleverser toute l’organisation : il s’agit souvent d’ajuster, de réengager dans la durée, et surtout de redonner de la voix à ceux qu’on n’entend plus assez.
Quelques pistes simples et efficaces, à essayer dès demain
- Repenser l’entretien professionnel pour en faire un vrai temps d’échange, pas un simple bilan.
- Impliquer davantage les seniors dans les décisions d’équipe, les projets transverses, les rôles de transmission.
- Valoriser les compétences acquises, même informelles, via du mentorat ou du tutorat inversé.
- Offrir des perspectives réalistes, même à horizon court : formation courte, nouveaux projets, souplesse d’organisation.
- Lutter contre les stéréotypes liés à l’âge, parfois bien ancrés, par des campagnes de sensibilisation ou des temps d’échange intergénérationnels.
Et selon notre baromètre…
Pour optimiser l’engagement des seniors, l’étude identifie trois leviers clés :
- La fierté vis-à-vis du travail effectué ;
- La pleine utilisation des compétences ;
- La capacité des employeurs à encourager une ambiance de travail positive.
Chez Qualisocial, on accompagne justement les entreprises dans cette dynamique. Grâce à nos dispositifs d’écoute, nos ateliers de co-développement, nos baromètres QVCT et nos actions ciblées sur les trajectoires de fin de carrière, nous aidons les équipes à retrouver un équilibre entre générations, à créer un climat de travail plus juste, et à faire de l’inclusion… une réalité !

Pour conclure : faites de l’âge un atout collectif !
Ce n’est pas parce qu’on a 55, 60 ou 62 ans qu’on a moins envie de s’investir. Les données de notre Baromètre Santé mentale & QVCT 2025 le prouvent : les seniors sont encore pleinement engagés. Ce qu’ils attendent, c’est qu’on leur tende à nouveau la main. Pas par charité, mais par confiance et reconnaissance.
Revaloriser leur place, c’est renforcer la cohésion. C’est miser sur l’expérience, sans renoncer à l’innovation. C’est choisir une entreprise qui écoute vraiment toutes ses voix.



Le baromètre du harcèlement au travail – Qualisocial x Ipsos

%20(1).png)
.avif)














