Salarié aidant : comment concilier travail et aidance au quotidien ?

Qu'est-ce que l'aidance ?

Quelques définitions

L'aidance se réfère à l'ensemble des actions d'aide, de soutien et d'accompagnement qu'une personne, appelée « aidant », réalise envers un proche en perte d'autonomie. Cette aide peut prendre diverses formes : soins corporels, aide à la mobilité, soutien moral, gestion des démarches administratives, etc. En France, le terme de « salarié aidant » est utilisé pour définir les travailleurs qui assurent cette tâche d'accompagnement en plus de leur emploi.Les salariés aidants peuvent être des hommes ou des femmes, des cadres ou des employés, et intervenir auprès de proches de la famille, comme les parents, les enfants ou encore les conjoints. Ce rôle, bien que parfois invisible, est essentiel à la cohésion sociale.

Qui est concerné ?

Les salariés aidants représentent une part croissante de la population active en France. Selon une étude réalisée par l’Observatoire B2V des Mémoires, près de 11 millions de Français sont aidants, et parmi eux, environ 47 % cumulent cet engagement avec une activité professionnelle. Ce chiffre démontre que les aidants sont majoritairement des salariés, souvent confrontés à des défis importants en matière d'organisation et d'équilibre de vie.En outre, une étude de l'institut IFOP en 2022 souligne que près de 30 % des salariés aidants sont confrontés à des difficultés dans la gestion de leurs horaires de travail. L’aidance peut survenir à tout moment de la vie professionnelle d’une personne et ne touche pas une catégorie socio-professionnelle particulière. La majorité des aidants sont des femmes : 66 % et l’âge moyen d’entrée dans l’aidance est de 35 ans.

Dans quelles situations peut-on dire que nous sommes aidants ?

On parle d’aidance dans plusieurs cas de figure. Généralement, un salarié devient aidant lorsqu’un proche, en raison de la vieillesse, d'une maladie chronique, d’un accident ou d’un handicap, perd partiellement ou totalement son autonomie. Ce proche peut être un parent âgé, un conjoint atteint d’une pathologie grave (comme le cancer ou Alzheimer), un enfant en situation de handicap, ou encore un frère ou une sœur nécessitant une attention particulière.Le statut d'aidant ne dépend pas uniquement de la fréquence de l'aide apportée, mais de sa régularité et de son impact sur la vie quotidienne. En effet, il est possible d’être aidant tout en ne vivant pas sous le même toit que la personne accompagnée. Ce qui compte, c’est l’implication constante et les responsabilités quotidiennes que cette situation impose au salarié.

De grandes responsabilités qui amènent de grands pouvoirs

Les défis que les salariés aidants rencontrent

Les salariés aidants font face à de nombreux défis, tant sur le plan personnel que professionnel. Parmi les principaux obstacles, on retrouve :

Le manque de temps : jongler entre les responsabilités professionnelles et les obligations liées à l’accompagnement d’un proche peut devenir une tâche éprouvante. Nombre d’aidants se retrouvent à devoir sacrifier leurs loisirs, voire leur propre santé, pour réussir à tout concilier.
La fatigue physique et émotionnelle : l’aidance est souvent une source d’épuisement. Les tâches liées à l’accompagnement, surtout lorsqu’il s’agit de soins lourds, peuvent être épuisantes. De plus, la charge mentale associée à l'aidance, combinée au stress professionnel, contribue à un état de fatigue émotionnelle croissant.
La précarité professionnelle : certains salariés aidants doivent réduire leur temps de travail ou prendre des congés non rémunérés pour s'occuper de leur proche. Cela peut entraîner des conséquences financières importantes. Certains peuvent même envisager de quitter leur emploi, faute de solutions de soutien adaptées.
L'isolement social : de nombreux aidants expriment un sentiment d'isolement. Le cumul des responsabilités les empêche souvent de maintenir une vie sociale active, ce qui accentue leur sentiment de solitude.

Les compétences qu'ils développent

Bien que les défis soient nombreux, les salariés aidants développent également des compétences et des qualités uniques :

La résilience : face aux difficultés quotidiennes, les aidants développent une grande capacité à surmonter les obstacles. Cette résilience leur permet de mieux gérer le stress et de faire face aux imprévus, que ce soit dans leur vie personnelle ou professionnelle.
La gestion du temps et des priorités : les aidants apprennent à organiser leur emploi du temps de manière rigoureuse pour concilier leurs différentes responsabilités. Cette compétence est souvent transférable dans leur travail, où ils excellent dans la gestion de projets et la priorisation des tâches.
L'empathie et la patience : aider un proche en difficulté nécessite une grande empathie et une patience à toute épreuve. Ces qualités sont précieuses dans le milieu professionnel, surtout dans les métiers où l'interaction humaine est au cœur des préoccupations.
La polyvalence : en étant à la fois salariés et aidants, ces personnes sont capables de jongler entre différents rôles et d’acquérir une grande polyvalence. Cette capacité à s’adapter rapidement à de nouvelles situations est un atout non négligeable.

Comment les aider et les soutenir

Il est essentiel de reconnaître et d’accompagner les salariés aidants, tant au niveau des entreprises que des politiques publiques. En mettant en place une politique pour les aidants familiaux, les entreprises qui s’emparent du sujet permettent à leurs salariés aidants de mieux concilier leur vie pro et perso. Voici quelques solutions qui pourraient leur permettre de mieux concilier travail et aidance :

Aménagements d'horaires : proposer des horaires flexibles ou du télétravail aux salariés aidants peut leur permettre d’organiser leur journée en fonction des besoins de la personne aidée et d’alléger leur charge mentale organisationnelle
Congé de proche aidant : en France, le congé de proche aidant permet à certains salariés d’interrompre temporairement leur activité pour s’occuper d’un proche en perte d’autonomie. Ce congé peut être indemnisé sous certaines conditions.
Formation et sensibilisation des managers : il est important que les managers soient formés à reconnaître les besoins spécifiques des salariés aidants. Une approche empathique et compréhensive peut faire toute la différence pour ces travailleurs qui jonglent avec de lourdes responsabilités.
Accès à des services de soutien et financement de chèque CESU : il est possible de mettre en place des partenariats avec des associations ou des services spécialisés dans l’accompagnement des aidants. Cela peut inclure des services de garde à domicile, de l’aide administrative ou encore du soutien psychologique et du financement associé.
Groupes de parole et réseau de soutien : mettre en place des groupes de parole au sein de l’entreprise permettrait aux aidants de partager leurs expériences, de se soutenir mutuellement et de briser l'isolement auquel ils sont souvent confrontés.

L’important dans une politique d’aidance c’est de s’adapter à chaque situation personnelle. Chaque aidant a généralement une vision de ce dont il a besoin. De l’écoute, du dialogue et de l’empathie permettent d’échanger sur le sujet pour trouver la meilleure organisation possible.

En conclusion...

Être salarié aidant est un défi quotidien qui nécessite une organisation minutieuse et une grande résilience. Les entreprises, les pouvoirs publics et la société dans son ensemble ont un rôle à jouer pour aider ces millions de Français à concilier leur vie professionnelle et leur rôle d'aidant. En prenant en compte les besoins spécifiques des salariés aidants et en leur offrant un soutien adapté, il est possible d’améliorer leur bien-être personnel et leur qualité de vie au travail.